Au pic à glace dans la steppe
Son regard scrute la plaine qui s'étend jusqu'à l'horizon, verte au printemps et blanche à présent. Les enfants sont au chaud dans la yourte. Son frère est venu lui donner un coup de main pour s'occuper du bétail. Les trois quarts de son troupeau n'a pas résisté à la nuit passée. Moins cinquante degré dans la steppe, les vaches les plus solides n'ont pas tenu. Elles ont gelé sur place, par dizaines, telles de statues de poil et de corne. Il ne connaît ni la PAC ni les indemnisations gouvernementales, il n'a aucune autre ressource. Ses cousins, eux, sont partis à la ville trouver du travail, lui et ses frères ont décidé de rester. Cet hiver, ils s'en mordent les doigts.
Une pensée pour tous ces peuples qui vivent de la terre, de l'élevage et pour qui réchauffement climatique ne veut rien dire. Pour tous ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu ou presque, sauf ce sourire immuable sur leur visage buriné par le vent et le froid, la chaleur et le soleil. Quelques mots qui ne les atteindront pas mais qui je l'espère éveilleront la conscience de nous autres chanceux d'occidentaux.