Parfums d'extérieur

Publié le par Matthieu

Déviation. Contourner le pâté de maisons et reprendre votre chemin. Pas de problèmes de ce genre à pied. Je franchis les plots rouge et blanc et m'engage sur le trottoir d'en face. Le goudron fraîchement coulé enivre et suffoque à la fois. Images de derricks sur fond de désert californien, de plate-formes pétrolières perdues dans l'océan, d'hommes noirs de mazout manoeuvrant avec précision des mètres, des kilomètres de tubes métalliques, fouillant les entrailles de la Terre, le plateau océanique à la recherche du précieux fluide noir et visqueux qui fait tourner le monde.


Étrange comme cette odeur rappelle autant de choses qu'une pelouse fraîchement tondue ou la pluie sur le route un soir d'été orageux. Les sens en éveil, la rue silencieuse m'accueille et ouvre la voie à l'imagination, au dépaysement. Les ouvriers sont partis, les machines laissées à leur place, énormes tas de ferraille jaune et noir, monstres immobiles sur leur tapis de bitume encore humide. Ouvrage moderne de manufacture routière, tapisser au sol un canevas de couches, d'épaisseurs toutes plus cruciales les unes que les autres, faire en sorte que la première voiture qui passera ne s'enfoncera pas dans la guimauve du goudron encore chaud. Comme quoi même en ville la poésie peut surgir de n'importe où.

Publié dans Diary

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